Voeu rédigé à l’occasion du dernier conseil municipal. Ce dernier a finalement été retiré et non soumis au vote suite à la décision de la municipalité d’accepter de suspendre la décision d’externalisation et d’entamer une procédure de concertation suite à la mobilsation des animateurs et des parents.

Monsieur le Maire, mes chèr.e.s collègues.

Les parents d’élève et les salarié.e.s concerné.e.s n’ont appris que mi-janvier la volonté de la majorité municipale d’externaliser le périscolaire à un prestataire privé. L’absence d’information de l’opposition, malgré une récente commission jeunesse et sports, est également à déplorer.

Aucune ligne dans votre programme ni aucune concertation en amont ne pouvait laisser envisager ceci, d’autant plus que les parents sont contents du fonctionnement actuel et que les salarié.e.s sont majoritairement contre votre projet, comme l’illustrent bien la grève et manifestation de ce lundi dont plusieurs d’entre vous ont sûrement déjà lu le compte-rendu dans le Parisien.

En effet, du point de vue des parents, dont nous allons essayer de résumer pour cette assemblée les arguments très bien exprimés dans la lettre au maire : cette décision n’est pas comprise car elle survient au cœur d’une crise sanitaire majeure, durant laquelle enfants comme parents ont besoin de repères. Malgré les promesses municipales qui indiquent qu’aucun bouleversement n’est à craindre, les parents subissent aujourd’hui déjà les grèves et subiront demain les départs annoncés des agents qui ne souhaitent pas poursuivre une carrière dans le privé. D’autre part, le calendrier (février pour la rédaction de l’appel d’offre pour une publication en mars), semble déjà acté alors même qu’aucune concertation avec les acteurs et actrices du milieu scolaire n’a été entreprise pour valider l’intérêt de cette externalisation ou ses modalités. Leur lettre, pourtant signée par une grande part des listes de parents d’élèves élus, ne semble avoir déclenché qu’une réunion d’information sur la rédaction de l’appel d’offre. Malheureusement, leur expérience sur l’externalisation de la restauration scolaire, du ménage, des cars ou de l’entretien du matériel informatique et la gestion des manquements de ses prestataires plaide en défaveur d’une nouvelle externalisation. Nous ne rappellerons ici qu’un des manquements, celui de la cantine sans plastique qui, malgré sa grande publicité dans Chloroville avant les municipales, n’est toujours pas une réalité. En outre, les parents d’élèves ont exprimé leurs difficultés à obtenir des réponses et des actions de la municipalité lorsqu’ils font remonter un problème dans une école (travaux à faire, personnel de cantine non qualifié, matériel informatique en panne, etc). Leur inquiétude semble donc légitime quant à l’arrivée d’un nouvel intermédiaire dans les discussions.  D’autres questions inquiètent les parents d’élèves comme la garantie du maintien des tarifs actuels, la stabilité des équipes au-delà de la première année ou la qualification des animateurs recrutés par le futur prestataire. Enfin, les parents d’élèves ont été consternés par le manque d’informations recueillies par Madame Lanlo dans les rares villes ayant effectué ce changement, alors même que la première adjointe se trouve être référente à l’Association des Maires de France sur les sujets d’éducation. En conclusion ces parents, qui donnent de leur temps personnel dans l’intérêt des enfants auraient souhaité être entendus comme des partenaires mais leur avis ne sera finalement qu’accessoire.

Du point de vue des salarié.e.s maintenant, cette externalisation est très angoissante, alors qu’ils se démènent déjà avec des protocoles sanitaires qui changent souvent et des salaires très faibles. Ils préféreraient une stabilisation et une amélioration de leurs conditions de travail assurées par la mairie.

En effet, ils estiment que l’externalisation ne leur donne aucune garanti sur de potentielle titularisation, alors que la mairie, elle, est dans l’obligation de s’y conformer au bout de 6 ans de renouvellement en contrat court. En effet, le prestataire ne prendra pas le risque de les “CDIser” s’il risque de perdre le contrat lors du renouvellement du marché public dans 3 ou 4 ans.

L’argument selon lequel ces contrats très précaires pourraient être complétés sur d’autres villes nous semble également infondé. Comment cela serait-il possible alors que les associations évoquées ne sont pas forcément présentes dans les territoires alentours ? Certains animateurs complètent déjà leur activité en effectuant des heures dans des communes limitrophes mais la demande étant la même partout, les villes voisines proposent des horaires similaires.  Nous ne comprenons pas que la mairie avoue ne pas être en mesure de respecter le droit de la fonction publique et que cela soit une des raisons majeures dans le choix d’externaliser : la ville est en mesure de proposer des CDI à ses animateurs. On nous explique que l’animation ne serait pas le métier d’une vie, et qu’il serait compliqué de réussir à réaffecter à de nouvelles missions du personnel en fin de carrière. Pourtant, avec cet argument, l’ensemble des travaux physiques seraient concernés par des contrats précaires or nos paysagistes et nos techniciens voiries sont fonctionnaires.

Ensuite les exemples d’Asnières ou de Saint-Rémy-Lès-Chevreuse, qui ont essayé l’externalisation pour finalement y renoncer, est à méditer. Cette volteface s’explique par les problèmes de recrutement du fait des bas salaires auxquels se sont ajoutés des problèmes de recrutement et à l’époque d’accès au casier judiciaire. Actuellement avant chaque embauche, la mairie de Meudon consulte le FIJAIS. Qu’en sera-t-il si ce service est externalisé, qui et comment seront contrôlées les embauches ?

Enfin l’exemple de Clamart ou de Malakoff où une démarche de professionnalisation (formations) pour titulariser le maximum d’agent a été lancée devrait nous servir d’exemple. Aujourd’hui la majorité municipale nous annonce des formations grâce au prestataire, mais nous pourrions également le faire.

Le double discours consistant à dire aux parents que cette externalisation se fait dans l’intérêt des animateurs et aux animateurs que les parents souhaitent un changement ne traduit en somme qu’une volonté politique. De notre point de vue, cette externalisation n’est hélas que la suite logique de plusieurs étapes vers toujours moins de service public et toujours plus de privé et un désinvestissement de la ville de Meudon dans des structures municipales.

  • prise de berceau en crèche privée et délégation de la cantine à un prestataire. Que cela soit les indemnités que la mairie a choisi de verser à ces prestataires ou le récent drame en crèche (bébé avec de fortes commotions) remonté par une mère, nous voyons les inconvénients de ce désinvestissement de Meudon dans des structures municipales.
  • arrêt de la DSP de la patinoire avec une nouvelle patinoire n’ayant bientôt plus de compte à rendre à la mairie sur ses tarifs.
  • obligation faite aux animateurs et animatrices du centre social d’être en auto-entreprenariat. Ceci, au passage, peut coûter aux contribuables, un accord à l’amiable ayant eu lieu suite au refus de l’une des animatrices.

La mairie a indiqué aux parents d’élève que cette externalisation n’est pas mise en place pour faire des économies mais qu’au contraire, cela coutera plus cher. Nous sommes donc en droit de nous questionner sur le bien-fondé de cette externalisation et l’intérêt pour les enfants. Pourquoi la municipalité n’investit-elle pas directement cet argent dans les temps péri et extra-scolaires ?

Nous souhaitons par ce vœu obtenir une vraie consultation des agents et des parents d’élèves sur l’opportunité d’un tel choix, avec la conviction que ces consultations vous feront changer d’avis.

Nous espérons que l’envoi de ce vœu aura déclenché la proposition d’une contre-proposition de vœu, moins polémique mais allant dans le même sens, vous permettant de communiquer sur la décision du conseil municipal de différer le projet. Si un tel vœu était voté nous demanderions le retrait de notre vœu et nous engagerions à éviter sa publicité.