tribune pour le numéro de Chloroville de novembre 2021.
La Ville de Meudon vient de déployer cinq nouvelles caméras de vidéosurveillance dans le nouveau quartier de la Pointe de Trivaux. La vidéosurveillance dans l’espace public pose deux questions: celle de la légitimité de cette politique publique et celle de son efficacité. La prolifération des caméras de vidéosurveillance dans 90% des communes de zone urbaine résulte de nos édiles désireux d’afficher une politique de sécurité et d’en tirer des profits électoraux. Mais la décision de répandre cet outil inefficace et attentatoire aux libertés n’est qu’électoraliste. Alors qu’entre 2010 et 2016, leur nombre a augmenté de 126% il n’existe aucune preuve de leur efficacité sur la prévention de la délinquance. En outre, le nombre d’enquêtes résolues par la vidéosurveillance est extrêmement faible. Autrement dit, que ce soit en termes de dissuasion ou en termes d’identification des auteurs de crimes, les caméras sont inutiles. Pendant ce temps, la vie privée des citoyen.ne.s dans les rues de nos villes est de moins en moins protégée. La CNIL s’en alarme régulièrement. C’est bien la question de nos libertés publiques qui est en jeu. Une ville voisine, Issy-les-Moulineaux, a fait le choix de ne pas avoir de police municipale (et encore moins de l’armer) et de ne pas déployer de caméras dans ses rues. Les budgets ainsi dégagés sont consacrés à la prévention de la délinquance de rue. Résultat : Issy-les-Moulineaux présente des chiffres de la criminalité comparable à ceux de la ville de Meudon alors qu’elle est deux fois plus peuplée. Meudon ferait bien de s’en inspirer.