Vœu contre la bétonisation de Meudon – conseil municipal du 25 mars 2021

Monsieur le Maire,

Dans votre programme, vous expliquiez vouloir  “adapter la ville au changements climatiques” et nous y souscrivons. Vous indiquez aussi vouloir obtenir le classement de Meudon au patrimoine mondial de l’humanité, ce qui apparaît comme particulièrement ambitieux voire irréaliste.

Dès lors, comment expliquez-vous votre laxisme concernant l’artificialisation des sols et les atteintes au patrimoine meudonnais. Cela se traduit par la délivrance de nombreux permis de construire et le lotissement ou la construction de nombreux jardins y compris à proximité de bâtiments et arbres remarquables.

C’est notamment le cas de la villa du Second Empire qui a fait l’objet de nombreux articles de presse (Tribune de l’art, Actu92, Patrimoine architecture et jardin, Le Parisien et Les échos). Un projet immobilier au niveau de la rue de la République menace un arbre remarquable que plusieurs experts de trois associations différentes (dont le GNSA et ARBRES) ont jugé sain. Nous avons également remarqué, tout récemment, l’abatage de 95% des arbres (soit une trentaine d’individus) en bordure du futur éco-quartier de Meudon-la-Forêt.

Se déclarer contre l’artificialisation des sols, pour les arbres ou pour le patrimoine ne suffit pas. Il faut des actes. Par ce vœu, nous demandons une pause dans la mise en œuvre de ces projets. Nous vous rappelons que le code de l’urbanisme, cité par le PLU prévoit que “le permis de construire peut être refusé ou n’être accordé que sous réserve de l’observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leurs dimensions ou l’aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l’intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu’à la conservation des perspectives monumentales”.

Il faut, en outre, aller bien plus loin dans la refonte du P.L.U. de manière à préparer Meudon face au dérèglement climatique, à préserver la santé environnementale et le patrimoine de nos concitoyen·ne·s, d’aujourd’hui et de demain, et sortir de la logique de l’affichage.

Nous demandons également à ce que le P.L.U. ne soit pas modifié dès qu’il gêne un projet immobilier comme cela s’est passé pour l’”éco”-quartier de Meudon-la-Forêt où les hauteurs ont été revues à la hausse malgré des annonces publiques de R+5 ou encore pour le projet de rue de la République.

Pour celles et ceux de nos collègues qui n’auraient pas connaissance du contexte, je tiens à revenir sur l’aménagement prévu entre le 11 et le 15 rue de la république : le cèdre en question est situé sur un terrain appartenant à la Ville. Il est donc pleinement patrimonial et la mairie est responsable de sa santé.

Cet arbre remarquable de quasiment 300 ans (37m de hauteur, 22m d’envergure et un tronc de 4,81m) est situé en plein centre-ville et apporte ses bienfaits aux riverain·e·s et aux nombreux enfants de l’école, en absorbant CO2 et autres particules. La Ville le déclare dangereux car elle ignore que des techniques de sécurisation (haubanage) existent.

Si le projet de construction doit réserver un espace de 6 mètres autour de l’arbre, nous craignons fort que cela soit insuffisant pour le protéger. De plus, la réalisation de tranchées risquerait de casser ses racines. Par ce vœu, nous demandons à la Ville de faire classer le cèdre en tant qu’arbre remarquable de la région Ile-de-France. Et nous demandons que la maison de la fin du XVIIIe siècle (maison Tirouflet) soit inscrite dans le P.L.U. A propos de cet îlot remarquable, nous regrettons qu’un classement par îlot et par quartier ne figure pas dans le P.L.U.

Au sujet de la villa Schacher. Nous parlons ici d’une demeure exceptionnelle de 1860, située dans un grand parc, en plein cœur d’un site classé.  Si la demeure n’est pas directement menacée, elle l’est indirectement par la proximité des constructions envisagées, qui sont non seulement trop volumineuses mais également architecturalement médiocres, ainsi que l’a relevé l’architecte des bâtiments de France. Ces maisons enlaidiront la propriété et la dénaturerons. Nous sommes également inquiets pour les trois arbres remarquables de son grand parc, car la distance entre ces derniers et les constructions sont très faibles au regard notamment de la taille de ces arbres. Aucune étude n’a été faite pour vérifier que les arbres supporteront bien les travaux. Cette propriété, célébrée récemment dans diverses publications, mérite sans doute mieux que de finir dans l’escarcelle d’un promoteur. Suite à la forte mobilisation autour de ce haut-lieu artistique et historique, ne pourrions-nous pas réfléchir ensemble à un projet alternatif ?

Quant à l’abatage des arbres au niveau de l’”éco”-quartier de Meudon la Foret, une trentaine d’arbres en toute bordure de parcelles, ont été abattus alors que leurs troncs étaient larges d’environ 60 centimètres et apportaient fraîcheur et ombre, en été, aux piéton·ne·s.

Pourtant, des solutions de compromis existent et vous ont été proposées par différents collectifs et associations. Ces solutions proposent un équilibre entre les droits des propriétaires, le besoin de logement et l’intérêt général attaché à la protection de l’environnement et du patrimoine.